Lifestyle

Pour ses beaux yeux…

C’était il y a 13 mois. Déjà plus d’une année. Je crains que mes souvenirs ne s’estompent et finissent par disparaître totalement au fil des jours. En fait, déjà je ne me rappelle plus grand chose. Sinon ses yeux. Ces yeux que je ne saurais plus décrire aujourd’hui. J’ai même oublié leur couleur. Étaient-ils gris, verts, safrans ? Je ne le sais plus. Mais j’ai encore la mémoire de comment ils m’ont transpercée. Et je me plais à penser que c’est ce qui importe. “Oh mon Dieu, ses yeux !”, avais-je dit à ma compagne ce soir-là. Déjà je n’arrivais pas à les qualifier. Mais une chose est sûre, ils avaient retenu mon attention.

Je me rappelle sa haute taille et sa minceur étonnante. Je me souviens aussi de sa vigueur et de son énergie. De ses va-et-vient dans ces quelques mètres dont il avait pris possession avec détermination. De ses mille et une acrobaties. De ses différents costumes. A des moments il semblait si proche de moi. Ce n’était plus un mythe. Plus le simple personnage que l’on voyait à la télé et dans les magazines. Il était devenu réel. Lui aussi il respirait, même s’il donnait l’impression de ne jamais vouloir s’arrêter, ne serait-ce que pour reprendre son souffle.

Il n’avait pas ces muscles qui généralement monopolisent mon regard. Il n’était pas assez près pour que je puisse analyser ses ongles, comme je le fais pour tout le monde. Je devais donc me contenter d’une vue d’ensemble et de ces précieux instants où j’avais l’impression qu’il me fixait. Bien sûr, ce n’était qu’une impression. Car quand un artiste a une foule qui chante à tue-tête avec lui et qui scande son nom, il pourrait difficilement consacrer son attention à un seul membre de l’assistance. Je persiste toutefois à penser qu’à des moments il y a eu une connection entre nous. Et je n’en démorderai pas.

Je n’ai pas assisté à mille concerts. Mais pour moi, voir Stromae sur scène a été une expérience unique. Transperçante. Electrisante. Je ne me souviens peut-être pas des détails de cette soirée que j’avais pourtant crue inoubliable, mais il n’a pas fallu grand-chose pour réveiller les émotions que j’en ai gardé. L’essentiel est encore là, intact : le souvenir d’un voyage aussi émouvant que mouvementé dans l’univers musical du chanteur rwando-belge et des yeux qui me hantent encore….

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Lifestyle

Pour l’amour de la vie

4 h 10, lundi après-midi. Écouteurs dans les oreilles, je m’empresse de rédiger mon article tout en revivant ces anciens succès qui ont animé mon adolescence. Survivor, Work it, Make it clap, Family Affair, Do it to it… je prends plaisir à redécouvrir ces refrains qui avaient fait ma réputation de fille branchée au secondaire. La mine enjouée, détendue, je décrypte avec une rapidité qui m’étonne moi-même mon entrevue avec Youri Chevry. Avec un peu de chance, je serai rentrée avant 9 h ce soir. Le rêve, quoi !

Puis je suis arrivée à la partie où le candidat à la mairie de Port-au-Prince parle des changements que le séisme du 12 janvier 2010 a opérés dans sa vie. J’aurais pu me contenter de lire mes notes. Mais je me suis rappelée que je l’avais justement interviewé à ce sujet en 2011 et il a fallu que je lance cette recherche sur mon mail… Là, j’ai replongé dans les sentiments de l’après-séisme. Je me suis retrouvée à lire les divers témoignages publiés dans les colonnes de Ticket à cette période. Matti qui fait ses adieux à Papi André, tandis que Stéphanie peine encore à accepter la disparition de sa cousine Liline… Autant de choses dont je n’avais pas forcément envie de me rappeler à cet instant.

Au final, je n’ai pas retrouvé mon ancien texte. En fait, j’ai tout simplement arrêté de le chercher à un certain moment. Revivre ces instants m’a simplement été trop pénible. Je suis tout de même contente que ces souvenirs ont servi à me rappeler combien la vie est précieuse.

Alors oui, que l’on me reproche de pardonner trop vite, d’être trop émotionnelle, d’oublier trop souvent, de m’attacher un peu trop… Car de mes expériences, je ne veux garder que le meilleur. De mes amours, je ne veux retenir que l’extraordinaire. De mes sentiments, je ne veux vénérer que les plus sincères.

Je ne veux plus rien de banal dans mon existence. Je n’ai plus de temps à perdre à essayer de plaire tout le monde, ou à vouloir tout comprendre. Je rêve de fous-rires, d’amours tumultueuses, de cris transperçants, d’amitiés palpitantes, d’expériences renversantes. Je veux vivre, vivre le moment présent, simplement !

Lifestyle

J’ai marché… 

J’ai marché ce dimanche. Pas autant que je l’aurais voulu, mais j’ai marché. J’ai marché contre le cancer. Pourquoi ai-je marché ? Honnêtement, je ne saurais vous le dire.
Marcher ne m’a pas ramené ma tante, cette femme pleine de vie qui m’accueillait dans son appartement de Boston il y a seulement quelques années. Cette femme super active qui quelques mois de cela ne rechignait pas à chausser ses baskets pour braver mornes et roches lors de ses diverses randonnées dans le nord d’Haïti, zone où elle espérait finir ses jours…
Marcher n’a pas non plus guéri ces milliers de patients qui à cette seconde même continuent à souffrir le martyre.

Je ne saurais dire en quoi ces quelques mètres parcourus ont aidé ceux qui combattent cette maladie au jour le jour.
Pourtant, Dieu sait qu’on a marché. On était des centaines dans les rues de Pétion-Ville ce 11 octobre à marcher à la mémoire de ceux qui ont succombé au combat, pour célébrer avec ceux qui ont remporté la lutte et aussi en support à ceux qui continuent à se battre.
Oui, on a marché. Parce que c’est une façon comme une autre d’affronter ce grand ennemi qu’est le cancer. Parce qu’il faut faire quelque chose. Parce qu’on ferait tout pour éradiquer ce fléau qui nous attaque et pire encore, semble vouloir emporter tous ceux qu’on aime les uns après les autres.