C’est pas tous les jours que je donne des interviews. D’ailleurs, je n’en ai donnée qu’une seule jusqu’à date qui, mine de rien, est passée dans le seul quotidien du pays. Souffrez-donc que je la poste partout !

Ticket est un exemple pour d’autres entreprises
Une vraie pin-up Daphney Valsaint Malandre ! Ticket magazine a recruté une jeune fille qui aurait pu faire une bonne carrière de mannequin quand on juge sur pièce la jeune plante élancée qui avance d’un pas feutré dans les couloirs du Nouvelliste. Daphney adore se maquiller. Une note qui rehausse son visage inondé par la lumière de son sourire. La jeune fille n’est pas belle pour se taire quand elle pratique le journalisme, un métier intellectuel qui vous met toujours en route. Chemin faisant, à l’occasion de la journée internationale de la femme célébrée dans une atmosphère d’orage à Port-au-Prince, Le Nouvelliste a rencontré la journaliste.
Le Nouvelliste (L.N.) : Quel est pour vous l’importance de la journée internationale de la femme ?
Daphney Valsaint Malandre : La journée internationale de la femme est importante pour moi dans la mesure où elle met en vedette les femmes et salue leur travail. Elle offre une possibilité de sensibiliser le public en général sur la situation des femmes en Haïti et à travers le monde. Car, même s’il faut noter des avancées considérables dans la lutte des femmes pour leur émancipation, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Cette journée offre donc l’occasion de faire le point sur nos acquis et aussi de dégager de nouvelles perspectives.
L.N. : Au sein de Ticket magazine, les femmes occupent les postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ?
Daphney Valsaint Malandre : Le fait que les femmes occupent les postes les plus importants à Tiket Magazine est une chose louable. Ce devrait être un exemple pour d’autres entreprises qui rechignent encore à accorder des postes-clés aux femmes et à leur laisser la possibilité de faire leurs preuves.
L.N. : Est-ce une manière de dire en d’autres mots laissez la commandes des entreprises aux femmes ?
Daphney Valsaint Malandre : Je dis plutôt que les femmes sont capables de prendre les commandes au même titre que les hommes. La question de sexe ne devrait donc en aucun cas déterminer la capacité d’un individu à occuper un quelconque poste dans une entreprise.
L.N. : Vous connaissez des femmes entrepreneures haïtiennes qui s’investissent avec âmes dans ce qu’elles font ? Au passage, Ticket s’intéresse-t-il à ces modèles de la gente féminine ?
Daphney Valsaint Malandre : Il y a de nombreuses femmes entrepreneures haïtiennes qui se donnent à fond dans ce qu’elles font. A l’occasion de la journée internationale de la femme, Ticket a justement préparé un numéro spécial dans lequel on présente certaines de ces femmes évoluant dans différents domaines qui font la fierté de la gente féminine.
L.N. : Dites, les femmes ne mettent pas la pression sur leurs pairs à Ticket ? Comment cela se passe à la rédaction ?
Daphney Valsaint Malandre : Les encouragements, les félicitations et aussi la pression sont ce qui fait marcher toute entreprise. On retrouve donc un peu de tout ça à Ticket. J’ai reçu des appels de Stéphanie me disant : « Bon ti bagay Daphney » tout comme j’ai reçu des appels de Gaëlle m’exigeant mes textes dans les plus brefs délais.
L.N. : Daphney continuent-elle à se former pour mieux informer son public ?
Daphney Valsaint Malandre : Se former est un devoir dans quel que soit le domaine dans lequel on évolue. Il faut être bien formé pour informer les autres, et rechercher les informations dont le lecteur a besoin. Donc pour ma part, je continue à me former. Cela fait d’ailleurs partie du métier !
L.N. : Qui sont ces femmes et ces hommes qui vous ont conduit à exercer votre profession ?
Daphney Valsaint Malandre : Je dois mon entrée dans le journalisme à Karl Foster Candio. Rédacteur en chef de Ticket à l’époque, il m’a demandée si je n’étais pas intéressée à intégrer le staff du magazine. Bien sûr, je l’étais ! Je lui ai donc envoyé un essai. Et voilà ! Je me suis donc retrouvée dans le giron de Frantz Duval, KFC et Roberson Alphonse, des journalistes dont j’ai toujours admiré les écrits.
L.N. : A quelles femmes journalistes haïtiennes aimeriez-vous ressembler pas leurs bons côtés ?
Daphney Valsaint Malandre : J’apprécie le travail de plusieurs femmes journalistes haïtiennes. Mais je ne peux pas dire qu’il y ait vraiment une journaliste haïtienne à laquelle je voudrais ressembler.
L.N. : Votre intégration à Ticket comment cela s’est-il passé ?
Etre à Ticket, c’est être à deux pas du Nouvelliste, le plus grand quotidien du pays qui est un idéal à atteindre pour moi. Ticket c’est une équipe jeune et dynamique, l’on y apprend chaque jour et le travail devient vite une passion. Et à travers Ticket, j’ai l’impression de contribuer, aussi petit que cela soit, à la promotion de la culture haïtienne et des jeunes talents.
L.N. : Que répondriez-vous à un homme qui aurait l’audace de vous dire : Soyez belle et taisez-vous ?
Daphney Valsaint Malandre : Un homme qui me demanderait de me taire ne me connait manifestement pas. Daphney ne se tait jamais ! Je suis de nature bavarde. J’ai un avis sur tout. Et mes questions ne sont jamais trop loin. Ma mère ne cesse de s’en plaindre mais c’est un atout majeur pour le métier que j’exerce.
Par ailleurs, je concède qu’être une femme, jeune et jolie en plus peut être un handicap des fois en ce sens que l’on est vue comme un artifice, une tête brûlée à qui l’on craint de confier des responsabilités. Mais, je suis aussi d’avis que les connaissances et la volonté devraient toujours primer. J’ai mon mot à dire et je veux être écoutée. Mais si je peux être regardée et écoutée… c’est encore mieux !
Propos recueillis par Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr